Lorsque la curiosité nous pousse, par un beau jour ensoleillé, à visiter nos églises, la lumière nous aide à découvrir des peintures, objets ou statues, parfois insolites, qui s'y cachent.
Ainsi, l'église Saint Rémi de Fontaine-au-Bois héberge, depuis des décennies, une superbe statue de Notre Dame de Pontmain. Que fait, dans cette petite bourgade de l'Avesnois cette représentation de la Vierge Marie, si loin de la région où elle apparut au 19ème siècle ?
C'est en entrant dans l'église, à droite, qu'a été érigé un autel en bois ciré et travaillé, agrémenté de plusieurs panneaux peints, à dominante bleue, évoquant l'apparition survenue le 17 janvier 1871. Posée sur la partie supérieure du meuble, une imposante statue de la Sainte Vierge, vêtue d'une robe bleu-roi constellée d'étoiles et coiffée d'une couronne dorée. Au-dessus, une peinture naïve représente le lieu où la Vierge apparut.
L'Histoire rapporte qu'à cette époque Paris est assiégé ; que les Prussiens sont aux portes de Laval distante de 52 km du petit village de Pontmain. Dans cette commune de 500 âmes trente huit jeunes ont été appelés sous les drapeaux !
Aux misères de la guerre s'ajoute une épidémie de typhoïde et de variole. On évoque aussi un tremblement de terre qui aurait secoué la région vers midi le jour-même.
Pourtant, dans ce contexte sombre, l'abbé Michel Guérin, curé de Pontmain depuis 36 ans, ne se laisse pas décourager. C'est un homme d'une grande bonté qui communique à ses paroissiens sa ferveur pour la Vierge Marie.
Le soir du 17 janvier, deux enfants, Eugéne et Joseph Barbedette aperçoivent dans le ciel, au dessus de la grange d'un voisin, « une belle Dame » vêtue d'une robe bleue parsemée d'étoiles d'or qui les regarde en souriant. D'autres enfants la verront à leur tour au détriment des adultes qui ne découvrent qu'un ciel étoilé.
Durant cette apparition, l'abbé incite les personnes présentes à prier la Vierge Marie. C'est alors qu'une grande banderole blanche se déploie au dessous de la « belle Dame » sur laquelle s'y inscrivent peu à peu ces mots : « Mais priez mes enfants Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon Fils se laisse toucher. »
L'assemblée est convaincue que la Vierge annonce la fin de la guerre.
Effectivement, le 22 janvier, à la surprise générale, les troupes ennemies se retirent avant même d'être entrées dans Laval. Le 28 janvier l'armistice est signé. Les 38 soldats mobilisés reviennent à Pontmain sains et sauf.
L'histoire de cette apparition n'explique pas pourquoi Notre Dame de Pontmain a élu domicile dans l'église de Fontaine-au-Bois. Aucune date, tant sur la statue que sur le tableau qui la surplombe, ne permet de situer son arrivée dans la commune. L'explication la plus plausible serait qu'un prêtre de Fontaine-au-Bois, rentré indemne de la guerre 1914-1918, ait ramené cette statue pour remercier la Vierge de lui avoir gardé la vie sauve. Cela reste un mystère.
Pierre Péchiné